Perspectives mondiales 2050 de l’OCDE
D’après l’organisation économique, les revenus agricoles à l’échelle internationale devraient connaître une hausse d’ici 2050.
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a présenté son rapport intitulé «Perspectives d’avenir pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde», le 6 avril dernier. Selon l’institution, la diminution des prix agricoles réels est arrivée à son terme. «La fin de la période de dépression des prix agricoles devrait offrir aux agriculteurs du monde entier d’importantes opportunités et entraîner, sous réserve que la productivité continue d’augmenter, une hausse des revenus agricoles», peut-on lire dans le rapport. Un secteur si tributaire des évolutions de marché, des conditions météorologiques, des ravageurs, des maladies et des politiques publiques, demeure néanmoins toujours aussi complexe à prédire.
Se basant sur trois types de scénario que sont la «croissance fragmentée» reposant sur les énergies fossiles, la «croissance durable» portée par la protection sociale et celle de l’environnement et la «croissance rapide» reposant sur la coopération internationale et les échanges, l’OCDE projette une hausse des revenus agricoles d’un pourcentage compris entre 50 % et 150 % entre 2010 et 2050. La demande en alimentation croissante, tirée par une démographie en hausse de 1,2% par an, et la hausse des niveaux de revenus à l’échelle mondiale constituent les principales raisons de ces prédictions.
Chaque année, ce sont près de 80 millions de personnes en plus qui naissent principalement en Inde et en Afrique (50 % à eux deux). En outre, le produit intérieur brut (PIB) mondial a augmenté d’environ 3,8 % par an en valeur réelle entre 2002 et 2011. Cette convergence continue des revenus par habitant amène irrémédiablement un déplacement de la demande mondiale en produits alimentaires vers les pays émergents. Cette transition nutritionnelle s’opère en deux étapes.
Une phase d’expansion en premier lieu, basée sur l’accroissement de l’offre en alimentation énergétique, et qui s’établit indépendamment des cultures, des religions, des traditions et autres. S’ensuit une deuxième phase dite de «substitution» s’appuyant sur une diminution de la consommation en céréales au profit d’une alimentation plus riche en viande, huiles végétales et sucre. L’OCDE rappelle également dans son rapport les menaces auxquelles l’agriculture et l’alimentation continueront de faire face dans les prochaines décennies.
Les risques accrus des maladies transfrontalières et de la sécurité des aliments, liés à l’augmentation des échanges commerciaux. L’institution mondiale milite ainsi pour davantage de cohérence au niveau des réglementations des marchés alimentaires, et une amélioration des pratiques de normalisation. L’OCDE souhaite également un développement élargi des systèmes de gestion des risques agricoles incluant des systèmes assurantiels et bancaires plus adaptés.
Forte production en viande et céréales
L’OCDE rappelle que la production mondiale en céréales et viandes a fortement augmenté au cours des quarante dernières années et devrait se poursuivre d’ici 2050. Néanmoins, selon le type de scénario envisagé, l’organisation estime une croissance limitée s’agissant des produits carnés. La production en céréales devrait, de son côté, s’accélérer au cours des vingt prochaines années, soutenue par les gains de productivité et la forte démographie. La croissance de cette production céréalière est estimée entre + 60 % à + 70 % d’ici 2050. Parallèlement, l’OCDE précise que les prix agricoles ayant baissé en moyenne de 2 % au cours des quarante dernières années (1960-2000) devraient se maintenir stables, voire augmenter dans le cas d’un scénario à «croissance rapide». Notons que ces prix seraient en baisse dans le cas d’un scénario à «croissance durable».
La contribution de l’agriculture en baisse
Si les prix alimentaires devraient se stabiliser, voire s’apprécier selon l’OCDE d’ici 2050, la part de l’agriculture, aussi bien dans le PIB que dans l’emploi, devrait se contracter encore davantage à l’échelle de l’économie mondiale. La part de l’emploi imputable au secteur a chuté entre 1994 et 2010 passant de 40 % à 30 %. Dans l’Union européenne, l’agriculture qui représente 5 % de l’emploi total d’après l’OCDE, devrait voir sa part se réduire d’un tiers à la moitié dans les quarante prochaines années.
A l’échelle mondiale, la contribution du secteur dans l’économie est passée de 6,4 % en 1995 à 3 % aujourd’hui d’après la Banque mondiale, au profit d’autres secteurs en croissance à savoir les services et les activités de transformation hors agroalimentaire. La main-d’œuvre anciennement agricole se redirigera principalement vers ces secteurs.