Pois : chiche de lancer une nouvelle filière en région
Le négoce Ternoveo a annoncé le lancement d’une filière pois chiche labellisée Hauts-de-France.
Il a beau être petit, le pois chiche affiche une ambition costaude : celle de disposer bientôt de sa propre filière labellisée Hauts-de-France. C’était l’une des annonces du négoce Ternoveo, propriété du groupe Advitam, lors de ses essais variétaux, le jeudi 13 juin, à Ecoust-Saint-Mein (62). Trésor de protéines qui permettrait de répondre à la demande croissante des consommateurs, cette culture à forte valeur ajoutée, selon le négoce, pourrait être une opportunité pour les producteurs en quête de diversification.
«Attentes des marchés et des consommateurs qui évoluent très vite, contexte réglementaire qui va nous impacter en tant qu’organisme stockeur, changement climatique… Nous sommes dans une période de changements multiples et durables. Ce sont de grands bouleversements pour le groupe, résume Anne Vandenbossche, présidente de Ternoveo et vice-présidente du groupe Advitam. Mais nous sommes prêts à sortir de notre zone de confort et, depuis plus d’un an maintenant, nous avons entamé la transition.» Nouvelles productions, nouveaux marchés, commercialisation… «Nous avons privilégié les projets innovants, créateurs de valeur et sources de fierté pour les personnes impliquées. Ça change tout quand on se lève le matin !»
En mode start-up
Pour cela, Ternoveo passe en mode start-up. Pour tester quelques-unes de ses idées, elle a ainsi lancé trois projets en interne. «Ça permet de se donner le droit à l’erreur», explique Xavier Harlé, directeur général. Les trois projets en question : Terre des Abeilles, Viti Vini (cf. encadrés), et Protéines végétales.
Premier constat : le pois chiche est un marché plutôt déficitaire, avec un besoin d’importation en légumes secs. «Il y en a un peu dans le sud de la France, mais le gros de la production mondiale provient surtout d’Inde, du Canada, du Mexique… Or, nous avons le territoire pour le produire localement !», résume Olivier Sené, technicien en charge du projet.
Deuxième atout : le pois chiche a une très bonne image auprès du public. «Peu de graisses, peu de sucre, beaucoup de fibres… on se rapproche de l’aliment santé. De plus, proche d’un pois protéagineux et d’une féverole pour son itinéraire technique, friande des sols légers et d’un climat sec, cette légumineuse a le potentiel pour s’adapter au climat du sud des Hauts-de-France.»
Débouchés locaux
Techniquement, le pois chiche se sème entre mars et avril et se récolte entre le 15 août et le 15 septembre. Peu gourmand en intrants, il ne nécessite que peu de produits de protection et est excellent en rotation. La phase de levée passée, ses besoins en eau sont faibles.
La campagne test a commencé en 2018 sur 130 ha, dans quinze exploitations installées entre Amiens et Reims, avec un noyau dur sur le bassin du Saint-Quentinois. A travers ce lancement, Ternoveo veut valoriser une production de 260 tonnes de pois chiches auprès d’opérateurs locaux, et compte sur le bouche-à-oreille pour propager cette nouvelle culture qui peut compléter le trio régional blé/colza/betterave.
Cette année, la récolte sera vendue séchée, sous sachet, l’an prochain elle pourrait être transformée par de petites entreprises locales. «Notre but reste de créer un débouché rémunérateur pour les producteurs, porté par un contexte sociétal favorable aux protéines végétales et à la consommation locale», conclut Olivier Sené.
Le projet Viti Vini
Après le champagne, du chardonnay dans les Hauts-de-France. Au rayon des opportunités offertes, malgré tout, par le changement climatique, celle-ci : il y aura bientôt des vignes dans les Hauts-de-France. «C’est déjà le cas dans le Kent, en Belgique… alors pourquoi pas chez nous ?», interpelle Christophe Dubreucq, porteur du projet en interne pour Ternoveo.
La plantation de 4 500 à 8 000 pieds de vigne est prévue pour le printemps 2020 entre Saint-Quentin et Arras, sur du sol crayeux, mais pas forcément des coteaux. Première récolte prévue d’ici trois ans, avec 30 000 bouteilles à commercialiser.
Terre des Abeilles, le chantre de l’apiculture
Autre projet phare, annoncé le 13 juin par Ternoveo à Ecoust-Saint-Mein (62), Terres des Abeilles, qui vise à placer des ruchers sur les exploitations agricoles, histoire de montrer qu’apiculture et agriculture ne sont pas incompatibles.
Le projet a trois enjeux : préserver la biodiversité, redorer l’image de l’agriculture et prouver à la société civile que le modèle agricole français est compatible, et même complémentaire, avec la vie des abeilles.
Depuis fin avril, une trentaine d’agriculteurs se sont équipés. Le cheptel de Ternoveo s’étend à 150 ruches, un apiculteur a été embauché en interne pour leur soin. La production de miel sera récoltée par Ternoveo et vendue dans les magasins Gamm Vert sous la marque Terre des Abeilles.