Pour l’Afdi, la priorité est l’installation des jeunes
Qu’ils soient de Guinée, de Madagascar, du Tcahd, du Togo
ou du Cambodge, les jeunes agriculteurs rencontrent la problématique de l’installation. L’Afdi la soulignait lors de son AG, le 7 juin.
Militer pour le droit à l’alimentation dans le cadre d’un pacte entre les citoyens et les paysans, défendre l’exploitation familiale face à l’agrobusiness ultra libéral, défendre l’accès à la terre pour les paysans dans leur pays, aider les paysans à s’organiser de manière syndicale et économique sont autant d’enjeux que veulent relever les Afdi (Agriculteurs français et développement international).
La structure des Hauts-de-France, qui compte plus trois-cents adhérents individuels et des organisations agricoles, intervient principalement en Guinée, à Madagascar, au Tchad, au Togo et au Cambodge. Tour à tour, les responsables de mission ont détaillé les activités de l’année 2017 par pays.
Guinée : installation des jeunes
Henri Leleux a présenté la Fédération des paysans du Fouta Djallon, une région en altitude dans le nord ouest de la Guinée où l’Afdi est présente depuis plus de vingt ans. «La FPDF compte aujourd’hui plus de 35 000 membres dont 64 % de femmes. Elle dispose d’une équipe de 55 personnes, des ingénieurs, des techniciens, des salariés qui sont très compétents. Ils travaillent sur cinq filières : la pomme de terre, l’oignon, la tomate, le maïs, le riz». Le partenariat se concentre sur trois thématiques : la structuration des filières, en particulier celle de la pomme de terre, le développement d’un dispositif de conseils à l’exploitation familiale et tout un volet installation des jeunes. «En 2017, nous avons travaillé sur la consolidation du dispositif conseils et des outils utilisés. L’objectif est de mieux maîtriser les itinéraires techniques et les coûts de production», a-t-il expliqué, soulignant que pour la première fois, le mildiou a fait son apparition dans les pommes de terre. «On va recevoir des Guinéens pour essayer d’améliorer leur perception des systèmes de maîtrise du mildiou».
Cette année, il y a une sensibilisation à l’installation auprès d’un millier de jeunes. «L’avenir de l’agriculture en Guinée est une préoccupation pour les responsables de la Fédération notamment à cause du vieillissement de la population agricole en place».
Madagascar : renforcement des compétences
C’est en partenariat avec l’Union de coopératives Lazan’ny Sambirano, au nord de Madagascar, que travaille l’Afdi Hauts-de-France. En 2017, elle a exporté vers l’Europe, 100 tonnes cacao certifiées bio équitable. L’UCLS a réussi avec l’appui de l’Afdi, à diversifier ses clients. Elle contractualise toujours avec la société française Ethiquable mais elle a également signé des contrats avec un client hollandais et un Suisse. «L’objectif est de pouvoir augmenter les volumes contractualisés afin de capter au maximum l’ensemble de la production des membres», a annoncé Luc Allard. Des investissements en matériels de transformation post récolte ont été réalisés pour obtenir toujours plus de qualité au niveau du cacao.
Tchad : la formation au programme
Au Tchad, c’est avec l’Association pour la promotion de la filière karité dans le Mandoul dans le sud du pays que travaille l’afdi pour la promotion de la filière karité. «Les actions ont été lancées en 2016, c’est le plus jeune partenariat de l’Afdi», a précisé Laurence Nourtier. L’Aprofikam se propose de grouper la filière karité pour apporter un développement économique à cette zone rurale du Tchad. Elle est composée de 76 groupements ce qui représente environ 3800 membres dont 95 % de femmes. En 2017, le chargé de mission a proposé plusieurs formations à l’Aprofikam pour améliorer son fonctionnement et sa gouvernance. «Ils ont pu pour la première fois tenir une assemblée générale».
Togo : productivité du maïs jaune
L’Afdi travaille au Togo avec l’Union régionale des organisations de producteurs de céréales de la région Maritime, au sud du pays. L’UROPC-M regroupant plusieurs coopératives, a été créée en 2008 et qui comptabilise environ 2 400 producteurs. Elle intervient principalement pour le développement et la structuration de la filière maïs jaune et soja. Son premier défi est d’augmenter la productivité du maïs pour qu’il soit plus compétitif sur le marché local. La création d’une filière semence avec l’ITRA (institut technique de la recherche agronomique du Togo), la formation des membres de l’UROPC-M à la gestion pour mieux connaître ses coûts de production, l’appui à la commercialisation, les réflexions pour un stockage et aussi le développement de groupement d’épargne et de crédit pour faciliter l’achat d’intrants ou les besoin des familles sont autant d’actions mises en place au Togo.
Cambodge : promouvoir l’entreprise familiale
«Il s’agit d’un partenariat nouveau avec la Fédération des paysans pour la promotion de l’agriculture familiale au Cambodge puisque nous avons démarré en 2016 pour ce qui concerne les Hauts-de-France qui avait rejoint un partenariat initié avec Afdi Normandie et Afdi Hauts-Rhin, depuis plusieurs années», a précisé Pierre Klein. Au travers de l’AFECA, qui regroupe 42 coopératives, 26 associations villageoises, soit un peu plus de 5 000 membres, «nous essayons de promouvoir deux axes, l’installation des jeunes en agriculture et la diversification des productions, car la production de riz ne permet pas de vivre convenablement du métier de paysans». C’est pourquoi en 2017, l’Afdi a commencé à construire une stratégie pour l’installation des jeunes.
Actions en régions françaises
Pour remplir ses missions, l’Afdi Hauts-de-France a besoin de fonds, et «il est nécessaire de trouver de nouveaux financements en développant de nouveaux partenariats qui peuvent d’ailleurs être autrement que pécunier. C’est essentiel pour l’avenir de notre association», a insisté le président. Plus qu’un financeur de projets de développement, l’Afdi souhaite être un vecteur d’échange entre le monde agricole des pays du Nord et du Sud. La sensibilisation du monde rural aux enjeux des agricultures en développement, les échanges culturels et techniques entre agriculteurs ou encore l’organisation de dialogues politiques entre organisations agricoles sont autant d’activités que l’association juge prioritaires.