Tereos organise son premier «carrefour de l’innovation»
Tereos avait invité ses associés coopérateurs pour un «carrefour de l’innovation», qui s’est déroulé vendredi dernier 29 mai à l’Institut LaSalle Beauvais et sur la plate-forme d’agro-compétitivité.
Hervé Nouvellon, directeur betteravier de Tereos, a accueilli plus de 200 planteurs, rattachés aux neuf sucreries du groupe, pour cette rencontre agronomique destinée à présenter des solutions concrètes pour renforcer la compétitivité de la filière.
Trois grandes «sphères d’innovation» sont identifiées par Tereos : la compétitivité betteravière qui doit permettre de produire et conserver la betterave avec le maximum de sucre du premier au 130ème jour de campagne, la connaissance du vivant pour mieux comprendre le fonctionnement et le comportement de la betterave du semis jusqu’à sa reprise en usine, enfin la production durable.
Le groupe va proposer à ses planteurs une démarche de progrès volontaire, sans aller jusqu’à la certification, et va investir dans la connaissance fondamentale, qui doit permettre d’augmenter les rendements et d’optimiser le process sucrier, en valorisant l’ensemble des betteraves livrées. La démarche vise donc à «faire progresser la filière dans son ensemble», disait Hervé Nouvellon, rappelant qu’en France les rendements sont plus faibles d’une tonne par hectare en moyenne par rapport aux pays voisins, le point faible étant la richesse.
L'azote au bon moment
L’élaboration du rendement, présentée par Fabienne Maurepas de l’ITB, se fait dès l’implantation qui doit permettre le plus vite possible la couverture foliaire. Au planteur de trouver le bon compromis pour une date précoce de semis, mais avec une température suffisante (au moins 3,5° dans le lit de semences), chaque jour de retard par rapport à la date optimale se traduisant par une perte de rendement de 0,6%. Le développement foliaire dépend de l’azote disponible, qui «pilote la surface des feuilles». L’azote est donc, en début de cycle, le facteur limitant.
Les feuilles servent de «capteur solaire», permettant par la photosynthèse la production de biomasse totale, a expliqué Fabienne Maurepas, en précisant qu’au-delà de la couverture foliaire totale, la surproduction de feuilles devient inutile : il faut donc éviter une surfertilisation azotée. Lorsque la couverture totale est atteinte, le rapport feuilles/racine est de moitié de la biomasse et ultérieurement, il y a une progression de la part d’assimilats alloués au pivot. Dès ce moment, une baisse de l’alimentation azotée augmente le ratio racine/feuilles, alors que l’excès d’azote entraîne une surproduction de feuilles au détriment du sucre. La dose conseillée par l’ITB est donc à appliquer, au bon moment.
En cours de végétation, courte pour cette culture, il faudrait pouvoir éviter les à-coups de croissance, auxquels la betterave est très sensible. Les stress hydriques perturbent fortement sa croissance, l’irrigation peut donc être, là où elle est peut être pratiquée, un atout de productivité.
D’autres observations ont été faites, par exemple sur les températures nocturnes anormalement élevées au cours de l’automne qui augmentent la respiration de la plante au détriment de la richesse.
Adrien Gosset, de Tereos, a expliqué comment conserver au mieux la betterave jusqu’à la fin de la campagne, qui peut durer jusqu’à 130 jours, peut-être plus à l’avenir. Pas de problèmes pour le stockage court des premiers arrachages dont l’objectif est la diminution de la tare terre.
Bien conserver jusqu'en fin de campagne
Mais à partir de début novembre, les stockages sont plus longs et il faut chercher à limiter les pertes par pourriture, liées aux maladies, aux blessures et/ou au gel. A partir de l’arrachage, la phase de cicatrisation se traduit par une perte de 2 %. Au-delà de 250° jours, les pertes progressent, ce qui se traduit par des betteraves non marchandes. Les écarts moyens de perte sont de 9 % entre silos.
Plusieurs moyens permettent de réduire ces pertes. Le premier est de limiter la durée de stockage, en retardant le plus possible l’arrachage par rapport à la date d’enlèvement du silo. La qualité de l’arrachage est importante : il faut éviter le sur-décolletage et un nettoyage trop agressif qui se traduit par des casses et des blessures où vont se développer bactéries et champignons. La vitesse d’arrachage ne doit pas être trop rapide, et l’arrachage suffisamment profond.
Stocker des betteraves saines
Les silos peuvent être protégés contre le gel par bâchage ou paille, la meilleure efficacité étant obtenue avec Toptex + paillage et la moins bonne par paillage simple. La date de mise en place de protection ne doit pas être anticipée, pour éviter une température trop élevée (15°) qui augmente le temps de stabilisation du silo.
La règle à suivre est de chercher à ne mettre en silo que des betteraves exemptes de maladies : rhizoctones brun et violet et nématodes du collet en particulier. La réponse est apportée par les variétés tolérantes, désormais très productives, à utiliser dans les parcelles infestées (souvent dans les zones historiquement chargées en betteraves qui sont ou ont été proches des sucreries). Le travail du sol avant implantation influe aussi sur le développement des maladies, de même que la Cipan (avec une crucifère anti-nématodes). Par ailleurs, la protection phyto permet aussi de limiter les pourritures en stockage au silo.
Des essais de chaulage des betteraves à l’arrachage ont été conduits avec succès, pour retarder (d’une semaine) les pourritures en silo en fin de campagne.
Produire plus et mieux
Jean-Michel Chassine, de Tereos, a présenté les nouvelles techniques culturales, dont le désherbage combiné chimique-mécanique, qui apporte de très bons résultats, avec une économie en produits phytos et donc en parallèle un gain environnemental. Il évoquait par ailleurs les obligations réglementaires, dont les Cipan, qui peuvent être une opportunité puisqu’un mélange légumineuse-crucifère permet une fixation de l’azote de l’air, donc une économie en fertilisation (25 unités d’azote au printemps) et une désinfection des sols (lutte contre les nématodes).
Un autre élément reste l’évolution des variétés, par la recherche génétique, qui a déjà apporté des gains considérables en rendement et en richesse, en plus des résistances aux maladies.
Cette «journée d'échanges», qui s’est terminée par la visite de la plate-forme d’AgroCompétitivité de Syngenta, sera désormais un rendez-vous annuel, a dit en conclusion Thierry Lecomte, président du conseil de surveillance de Tereos. Le but est de mieux connaître tous les leviers de performance pour une production maximale de sucre par hectare.