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Végétal
Un bon désherbage d’automne sinon rien !

Si la priorité du moment est donnée au semis, la question du désherbage des céréales se pose également. Avec la Chambre d’agriculture de la Somme, passons en revue l’ensemble des leviers à «réactiver» pour casser le cycle de salissement et retrouver des parcelles propres.

Intervenir à l’automne est devenu incontournable. En effet, la chimie seule ne suffit plus à enrayer la progression des adventices, accentuée par la suppression de plusieurs herbicides. Votre chambre d’agriculture rappelle l’importance d’activer tous les leviers pour venir à bout du salissement et aussi, dans certains cas, d’éviter des erreurs qui ne font que favoriser la levée des vulpins et ray-grass.

 

 

Parole d'expert de Hervé Georges,

Conseiller à la Chambre d’agriculture de la Somme

Vulpins, ray-grass, même combat !

Commandement n°2 : 
Tu devras réaliser de bons faux-semis à la bonne date

Au 20 octobre, il est évident qu’il est trop tard pour se lancer dans la réalisation de faux-semis. Bien qu’ils seraient encore réalisables et bénéfiques puisque les vulpins et ray-grass sont dans leur période de levée automnale. Mais un tel faux-semis obligerait à programmer un semis au 5-10 novembre, un choix ambitieux mais risqué !

Pour autant, les conditions climatiques connues depuis la dernière récolte de céréales ont été très bénéfiques à la stimulation des graminées. Par ailleurs, dans ces mêmes conditions, avec ou sans vrais faux-semis, nous observons de nombreuses levées en plaine ; ces graines déjà levées, et bien détruites, seront autant de levées en moins dans le prochain semis, à la condition de bien les détruire (cf. commandement n°3).

Commandement n° 3 : 
Tu devras les détruire à la bonne date

Vigilance renforcée sur la destruction des faux-semis sans oublier les relevées dans les intercultures, une étape plus que cruciale dans le désherbage d’automne.

Dans le cadre d’un faux-semis, nous pouvons dénombrer rapidement 100 à 300 pieds /m² dans des infestations moyennes et jusqu’à 3 000 pieds/m² dans des infestations fortes avec des ray-grass qui tapissent le sol. Leur destruction systématique et complète (100 %) est une obligation si on ne veut plus les voir repiquer après le semis. Pour rappel, la plupart des désherbants en céréales utilisés au semis sont des racinaires et agissent essentiellement en anti-germinatif. Par conséquent, leur capacité à détruire des ray-grass ou vulpins à 2-3 feuilles est très réduite. 

Détruire les graminées par enfouissement

Vous pouvez envisager leur destruction par labour. Mais à la seule condition qu’il soit complet. Autrement dit, les graminées doivent être parfaitement enfouies avec, au préalable, une attention portée au réglage des rasettes. Un résultat de labour pas évident à obtenir, particulièrement en terres difficiles. À l’inverse, en non labour, l’objectif est bien d’obtenir 100 % de plantes détruites.

Passage de glyphosate au stade tallage

Une destruction mécanique ne sera pas suffisante. Seule l’utilisation d’un glyphosate permettra assurément ce résultat.

⇒ Effectuez le passage de glyphosate au plus près du semis ; idéalement deux jours maximum au préalable ;

⇒ Assurez-vous de son efficacité :  360 g/ha de matière active au minimum et 540 g de matière active sur graminées au stade tallage. En cas de très forte infestation, appliquer la dose plaine homologuée, soit 1 080 g au maximum ;

⇒ Soignez la qualité de pulvérisation : celle-ci doit être capable de toucher des ray-grass filiformes qui viennent tout juste de lever. L’efficacité doit être de 100 % (litrage suffisant pour une parfaite couverture, adjuvantation appropriée (huile, sulfate d’ammonium notamment) , hygrométrie élevée et surtout absence de vent).

Si certaines spécialités de glyphosate (Roundup Dynamic) sont homologuées sitôt le semis et pourraient être mises à profit pour détruire ces adventices, cette stratégie est risquée. Il va sans dire qu’en cas de vent ou de pluies après le semis, cette intervention ne pourra pas être réalisée.

Commandement n°4 :
Tu devras t’interdire tout repiquage en interculture

Si les faux semis ont été efficaces cet automne, force est de constater que les vulpins et ray-grass lèvent même sans stimulation, dans une moindre proportion toutefois. Ainsi, que ce soit en parcelle de maïs ensilage, de betteraves, de pommes de terre ou après un lin textile, vulpins et ray-grass ont déjà levés avant même la récolte du précédent et ce, sans que la terre n’ait été «bouleversée». Alors oui, il y a moins d’individus levés/m² qu’en cas de faux-semis, mais nous dénombrons facilement 50 à 200 individus/ m². Et comme dans le cadre d’un faux-semis, leur destruction est obligatoire.

En cas de labour, la question ne se pose pas. En non-labour, ce serait une erreur technique de ne pas réaliser un passage de glyphosate. Bon nombre d’agriculteurs pensent souvent que la parcelle n’est pas sale et qu’un passage de glyphosate est inutile. Alors oui, 100 % des ray-grass ne repiqueront pas, mais même une infime part fera que des ray-grass ou vulpins viendront grainer et réalimenter en juin le stock grainier de la parcelle.

Derrière betteraves et pommes de terre, il conviendrait d’attendre trois jours minimum après la récolte pour effectuer un passage de glyphosate ; puis attendre deux-trois jours à nouveau afin que celui-ci agisse avant de semer. Idéalement, avant le passage du glyphosate, passez un coup d’herse droite (à panneaux) permettrait de remettre au jour des mauvaises herbes enfouies sous les débris végétaux ou la terre.

Commandement n°5 :
Tu devras repenser ta coordination labour-TCS-SD

Pour, rappel, l’objectif du faux-semis est de faire lever le maximum de graines situées dans les premiers centimètres du sol puis de les détruire. Pour les semis de blé (ou d’escourgeon ou de lin d’hiver), il convient de remuer le moins possible de terre. L’objectif est de ne plus restimuler la levée des graines restées jusque-là inertes en surface à ce jour. Pour ce faire, il convient de remuer le moins de terre possible et surtout de réaliser un travail superficiel tant que possible.

- Idéalement, semez avec un semoir de SD ;

- Ou semez directement avec un combiné de semis en réglant la herse rotative à 3-4 cm de profondeur au maximum et, dans ce cas, si possible, ne pas précéder avec un dernier passage de dent même superficiel.

Commandement n°6 : 
Tu devras travailler tes dates de semis

C’est surement la question la plus délicate. Attendre la mi-octobre pour semer abaissera la pression de levée et permettra aux dernières graines de lever d’ici-là. Sur des faux-semis réalisés il y a trois semaines maintenant ;
si les premières levées sont à trois feuilles, il y a encore des levées au stade pointant.

Pour rappel : tout décalage de quinze jours, c’est 50 % de levée en moins en moyenne. 

Commandement n°7 :
Tu devras désherber en alternant les modes d’actions

Le nombre de famille herbicides se restreint et finalement les programmes de désherbage se constituent essentiellement en coordonnant au mieux toutes les matières actives encore disponibles. Pour rappel, sur ray-grass, on privilégiera le flufenacet, le chlortoluron et le prosulfocarbe. Sur vulpins, le flufenacet, la pendimétahline et le prosulfocarbe.

Dans les parcelles les plus à risques graminées, l’emploi d’un premier désherbage au semis s’impose et sera bien souvent complété par un second passage vers 1 feuille de la céréale.

Si le nombre de programmes possibles reste important, un produit semble s’imposer de lui-même cette année au semis au moins pour les parcelles les plus à risque : mateno/liberator trio pour son efficacité attendue et aussi parce que sa suppression est annoncée.

Si ce produit doit permettre une bonne efficacité dès le semis, attention toutefois au risque de sélectivité : il ne doit pas y avoir de pluies soutenues dans la foulée. Dans bon nombre de cas, il est recommandé d’augmenter de 10 à 15 % les densités de semis pour les programmes à deux passages désherbage d’automne.

Commandement n°9 :
Tu devras t’interdire toute grenaison massive

Tous les produits utilisés en désherbage au semis des céréales sont d’efficacité racinaire. Pour assurer leur efficacité, un sol humide est requis lors de l’application, mais cela ne semble pas être un frein cette année vue l’humidité actuelle des sols.

Attention toutefois aux conditions d’application : utiliser des buses anti-dérive n’est pas un handicap pour ces racinaires. Par contre, attention à la répartition des gouttelettes et notamment au vent. Cette régularité est souvent mise à mal par la présence de mottes.

Hervé Georges

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