Une mobilisation qui se poursuit … et qui finit par payer
Les présidents des Fdsea, des Frsea, et des associations spécialisées étaient réunis en conseil fédéral autour des responsables de la Fnsea, le 10 septembre dernier, pour dresser un premier bilan de la mobilisation ce cet été.
Le président de la Fnsea, Xavier Beulin, est revenu sur la stratégie syndicale qui a motivé les actions partout en France depuis trois mois, et dont le point d’orgue a eu lieu à Paris le 3 septembre et à Bruxelles le 7 septembre. La crise agricole n’est pas que conjoncturelle, elle provient également de difficultés structurelles provoquées notamment par la surcharge réglementaire subie par les agriculteurs depuis plusieurs années.
«L’urgence, ce sont les prix bien sûr, mais quand on est un syndicat de solutions et de responsables, il faut travailler et porter haut et fort tous les sujets structurels. La compétitivité, la TVA emploi, l’investissement, la capacité à s’organiser en filière, la contractualisation. Ces aspects sont uniquement portés par la Fnsea et les JA», a déclaré Xavier Beulin. Le chantier syndical entrepris par la Fnsea comprend ainsi plusieurs volets : les prix, la résolution des problématiques d’urgence et un volet plus structurel de long terme.
Un prix ne se décrète pas, il se construit
Henri Brichart, vice-président de la Fnsea, a rappelé que la capacité d’intervention sur les marchés, au niveau européen, est désormais restreinte avec le choix de l’Union européenne d’abandonner les outils de gestion de marchés. «Un prix ne se décrète pas, il se construit, a-t-il déclaré. Il est la résultante des marchés et du fonctionnement des filières. Aussi la profession agricole doit-elle se prendre en main à travers le développement des organisations de producteurs et la contractualisation. Un exemple flagrant du travail qu’il reste à mener sur ce chantier : 30 % des éleveurs bovins seulement ont contractualisé avec l’aval.»
La Fnsea travaille également à d’autres leviers d’action sur les prix tels que l’étiquetage de l’origine des produits et la surveillance des engagements de la grande distribution.
Mesures d’urgence
Pour redonner une bouffée d’oxygène aux producteurs les plus fragilisés, des mesures d’urgence ont été annoncées par le Premier ministre le 3 septembre. Pour soulager les trésoreries : une possibilité de report des annuités bancaires 2015-2016 en fin de période, et la possibilité d’activer le Fonds d’allègement des charges, qui a été porté à 100 millions d’euros.
L’enveloppe de prise en charge des cotisations sociales est passée, elle, de 16,2 millions d’euros à 50 millions d’euros. Il est également possible d’obtenir un dégrèvement sur la Tfnb. Ces mesures s’adressent aux éleveurs et polyculteurs éleveurs qui en font la demande. Enfin, des négociations sont en cours pour permettre aux exploitants de changer l’assiette d’appel des cotisations (année N-1 ou triennale) tous les trois ans au lieu de tous les cinq ans actuellement.
Redonner des perspectives
Le 3 septembre, le Premier ministre a évoqué «une preuve d’amour» à donner aux agriculteurs. Si les mots semblent un peu forts, c’est bien une demande de reconnaissance et de respect de leur travail que les exploitants attendent. A travers cela, Manuel Valls s’est engagé à faire une pause sur les normes et les réglementations franco-françaises.
Par ailleurs, des mesures de soutien à la modernisation des exploitations ont été annoncées avec une augmentation de 90 millions d’euros par an du plan de compétitivité sur trois ans, ainsi qu’un plan de modernisation de l’aval.
Des mesures fiscales concernant la simplification de la DPA et l’élargissement de la DPI aux investissements dans les bâtiments d’élevage devraient compléter le panel des engagements.
POINT de VUE
de Laurent Degenne, Président de la Frsea Picardie
Retrouver de la compétitivité sur toutes les exploitations
Si nous travaillons syndicalement pour gérer l’urgence et redonner du souffle à nos exploitations, nous ne devons pas perdre de vue l’objectif d’améliorer la compétitivité. L’Etat s’est engagé à mettre un coup de frein sur les normes franco-françaises et soutenir la modernisation, c’est une bonne chose. Mais un autre axe doit être exploré : celui du coût du travail sur nos exploitations, aussi bien pour l’exploitant que pour le salarié. Et cela concerne toutes les exploitations. Les élus picards ont soutenu au conseil fédéral de la Fnsea que soit remise sur la table des négociations la question de la TVA emploi. Diminuer les charges liées au travail, notamment les cotisations familles, en mettant l’assiette de cotisation sur la consommation, c’est une piste à explorer. Cela permet de faire participer tout le monde à notre système social, notamment les produits d’importation. La TVA sociale, nos décideurs y ont, pour certains, pensé, d’autres ont hésité, y ont renoncé… Désormais, ils doivent fermement s’y engager !