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Yves Butel : «Je souhaite que l’on soit plus écouté»

Yves Butel, président de la Fédération des chasseurs de la Somme.

© AAP

Quelle est la politique de la Fédération des chasseurs de la Somme ?
Notre volonté est de faire chasser les gens et d’avoir des chasseurs, mais le petit gibier manque actuellement. Or, s’il n’y a pas de petit gibier sur notre territoire, les gens ne viendront pas chasser. Notre politique est de faire chasser le plus grand nombre de chasseurs, le mieux et le plus possible.

Quel est le poids de la fédération dans le département ?
Notre fédération réunit 25 000 chasseurs, ce qui représente une véritable force sur le territoire. Nous sommes d’ailleurs dans les cinq premières fédérations de France, en termes d’effectifs. Cette force, qui est la nôtre, est d’ailleurs reconnue au niveau des services de l’Etat, puisque nous avons un Monsieur chasse à la préfecture, qui n’est autre que le directeur de cabinet de la préfète.
Notre force se traduit aussi sur le terrain. Nous sommes les seuls à être capables de réunir 10 000 personnes pour nettoyer le département.
Car, contrairement à ce que l’on peut entendre sur nous, notre politique de chasse comprend tout un volet environnemental. Nous faisons très attention à ce que nous faisons, et nous nous occupons des marais, comme des zones boisées.

Vous évoquiez ce rassemblement de 10 000 personnes pour nettoyer le département. De quoi s’agit-il précisément ?
A notre initiative et à celle des pêcheurs, nous avons organisé en 2012 l’opération Somme propre. Ensemble, nous avons réuni 10 000 personnes sur le terrain, qui se sont chargées de nettoyer le département, en ramassant tous les déchets qu’elles trouvaient. C’est notre contribution à l’environnement.

Quelles sont les autres actions que vous avez menées et dans quels objectifs ?
En 2014, nous avons organisé l’opération Somme fleurs, qui a consisté à fleurir le département. C’était notre participation à la biodiversité du département.
Cette année, nous avons lancé l’opération perdrix, l’oiseau qui représente la biodiversité. Comme je vous le disais, nous sommes inquiets de la diminution du petit gibier, notamment de la perdrix. Aussi avons-nous engagé une opération de repeuplement de perdreaux de souche sauvage, en août dernier. La biodiversité compte pour nous, et beaucoup plus qu’on ne l’imagine.
Dans ce même esprit environnemental, nous pratiquons chaque année des comptages des espèces pour coller au plus près à la réalité du terrain et déterminer, ensuite, au plus juste, ce que l’on peut tirer ou pas, et en quelles quantités.
Par ailleurs, nous signons des conventions avec des partenaires utiles à la nature, et nous avons encouragé, par exemple, les agriculteurs à constituer des bandes de maïs dans les gros parcellaires, au milieu de leurs champs, pour fixer les oiseaux sur le territoire, leur offrir un abri contre les prédateurs et la nourriture dont ils ont besoin.

Quelles sont les problématiques auxquelles la fédération est confrontée aujourd’hui ?
La problématique la plus importante pour nous est, sans nul doute, la baisse drastique des populations de perdrix grises, dont on ne comprend pas pourquoi. Quoi qu’il en soit, face à cette baisse, outre le repeuplement que j’évoquais, nous tentons également de diversifier les types de chasse. Il ne faut pas se cantonner à une seule espèce pour pouvoir chasser le plus longtemps possible. Dans cette même optique, on limite les prélèvements sur les espèces. Il faut savoir que tous les prélèvements, autrement dit quelle que soit l’espèce, sont encadrés et limiter pour gérer au mieux les populations.
Ensuite, nous avons un vrai problème avec les écologistes. Il est très difficile d’établir un dialogue avec eux, ce n’est pas faute pourtant d’avoir essayé. Ils peinent à comprendre que nous sommes tout autant qu’eux soucieux de l’environnement. Toutes nos actions le montrent d’ailleurs et démontrent également que nous n’avons de leçon à recevoir de personne !

Quels sont les enjeux de demain de la fédération ?
Le plus important, pour moi, c’est de tout faire pour pouvoir développer cet art de vivre qui est la chasse et pour défendre la ruralité. Je veux également que tout chasseur se sente fier de l’être, comme de la biodiversité que l’on protège.
D’ailleurs, à ce sujet, et pour demain, il serait fort utile que nous soyons beaucoup plus partie prenante dans la gestion de l’environnement. Je ne demande pas que tout se fasse avec nous, mais je souhaite que l’on soit plus écouté. Quand je dis cela, ce n’est pas au niveau local auquel je fais référence, mais au niveau national. C’est important que l’on soit plus écouté, car nous avons du bon sens, tout simplement parce que nous sommes des ruraux et que nous avons les pieds sur terre.

Les accidents en 2014-2015

La Fédération des chasseurs de la Somme invite à chasser l’accident. Et pour cause. La saison 2014-2015 a été marquée par 122 accidents de chasse. «C’est à la fois peu et beaucoup, dit Yves Butel. Peu, car toute activité, a fortiori de nature, engendre des risques. Peu aussi, car, en vingt ans, suite aux actions de sensibilisation, le nombre total d’accidents de chasse a été divisé par deux, et le nombre d’accidents mortels quasiment par trois. Mais, cela reste beaucoup, car un accident sera toujours un accident de trop.»
Les victimes de ces accidents étaient, à 61 %, des chasseurs atteints par un autre chasseur, à 25 % des chasseurs qui se sont blessés ou tués eux-mêmes, et à 14 % des non-chasseurs (traqueurs, accompagnateurs, promeneurs). La majeure partie des accidents, soit 63 %, sont survenus en chassant le grand gibier.
Pour éviter autant que faire se peut les accidents, petite pîqûre de rappel des consignes à respecter : on ne tire pas dans la traque du sanglier, attendre que le sanglier ait passé la route pour tirer, ne jamais tirer quand vous chassez à l’affût et que vous n’avez pas identifié ce qui s’approche de vous, pas plus quand vous entendez un bruit qui vient vers vous, avoir son arme déchargée quand vous la portez à la bretelle, décharger votre fusil quand vous le déposez... Bonne chasse.

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