Légumes d’industrie
Économiser l’eau tout en maintenant des rendements qualitatifs
Les légumes pour l’industrie sont sensibles à la chaleur et demandent une alimentation hydrique performante. Pour garantir leur développement tout en économisant les ressources, il est essentiel de mesurer leurs besoins en eau. Point sur les essais irrigation menés par la Chambre d’agriculture de la Somme.
Les légumes pour l’industrie sont sensibles à la chaleur et demandent une alimentation hydrique performante. Pour garantir leur développement tout en économisant les ressources, il est essentiel de mesurer leurs besoins en eau. Point sur les essais irrigation menés par la Chambre d’agriculture de la Somme.



En recherche de nouveaux débouchés ou de diversité dans les assolements, les cultures légumières de printemps, en particulier le pois de conserve et le haricot frais, couvrent près de 25 000 hectares dans la région. Aidées par l’implantation des usines agroalimentaires à proximité, ces cultures sont très sensibles au stress hydrique et imposent un système d’irrigation précis. En partenariat avec l’industriel Bonduelle et ses associations de producteurs OPL Vert et Oplinord, la Chambre d’agriculture de la Somme cherche à déterminer les phases de croissance les plus à risques afin de proposer différentes possibilités de conduites d’irrigation économes en eau.
Pour cela, nous avons mis en place une comparaison sur deux variétés de quatre conduites d’irrigation différentes en pois de conserve et en haricots verts industriels. Nous cherchons ainsi à comparer une situation de référence, maintenue tout au long du cycle en confort, c’est-à-dire à au moins 50 % du niveau de la réserve utile du sol à des situations de stress hydrique à différents moments du cycle végétal de la plante (bouton floral, floraison, remplissage). Ces stratégies limitantes consistent à maintenir une réserve hydrique assez basse pour stresser la plante (30 % pour le pois et 40 % pour le haricot).
Pour tester le comportement du pois de conserve face au stress hydrique, nous sommes descendus jusqu’à 30 % de réserve utile à certaines phases cruciales de son développement (cf. graphique 1). Deux variétés ont été étudiées : Firenza et Tarn.
D’après les mesures réalisées (cf. Tableau 1), le rendement est pénalisé dès qu’un stress hydrique est provoqué au cours de la saison. Néanmoins, la diminution du rendement n’intervient pas dans les mêmes proportions selon son positionnement. Pour la variété Firenza, le stress hydrique en début de cycle et milieu de cycle est plutôt bien toléré (- 14 % de rendement), mais son impact augmente lorsqu’il intervient pendant la phase de grossissement (- 39 %). Pour la variété Tarn, l’impact du stress hydrique est croissant lorsqu’il intervient en début de cycle (- 23 %), en fin de cycle (- 39 %) puis en milieu de cycle (- 48 %). Lorsque nous comparons le comportement des deux variétés face au stress hydrique, il est possible d’observer une première tendance : Firenza semble être plus résiliente que Tarn (la diminution du rendement reste contenue tant que le stress hydrique n’intervient pas après la floraison).
Lorsque nous observons les composantes qui expliquent les variations de rendement final, ce sont le nombre d’étages et de grains par gousse qui sont les plus impactants. L’impact est particulièrement fort pour un stress hydrique imposé pendant le remplissage des gousses, peu importe la variété. Ainsi, plus le stress hydrique est tardif, plus les conséquences sur le rendement sont importantes.
Le rendement haricot pénalisé par un stress en début de cycle
Sur les parcelles de haricots frais testées, deux variétés ont été utilisées : Tobago et Compass, la première étant réputée tolérante tandis que la deuxième serait sensible au manque d’eau. Lors de l’essai, les plantes ont été placées dans un stress modéré à différentes périodes de croissance (cf. tableau 1). En fin de cycle, lors de la récolte, le rendement brut analysé est clairement pénalisé sur la culture de haricot lorsqu’un stress est appliqué en début de cycle, c’est-à-dire du semis jusqu’à la floraison quelle que soit la variété.
Sur une variété sensible comme Compass, le taux de haricot extra-fin ainsi que le nombre de grains varient sensiblement en fonction des stratégies d’irrigation tandis que la variété tolérante Tobago est très stable et meilleure, y compris en stratégie de limitation d’irrigation en fin de cycle (de la floraison à la récolte). Il semble ainsi possible de maintenir une qualité et un rendement de 18 t/ha en extra-fin et 22 t/ha brut, en réduisant l’irrigation sur cette variété de 40 mm.
Connaître le comportement d’autres variétés pour mieux conseiller
Dès 2024, ce protocole expérimental a été étendu à un panel plus large constitué de huit variétés pour chaque culture (pois de conserve et haricot). L’enjeu consiste à caractériser ces variétés pour en déduire des règles de décision propres à chacune d’elles. L’idée est de définir une stratégie d’irrigation optimale par variété et de diffuser ces nouvelles connaissances aux agriculteurs, permettant ainsi de conserver les performances de la culture tout en économisant la ressource en eau. D’après les premières observations, les tendances observées en 2023 à partir des deux variétés modèles testées se confirment. Cependant, le contexte très humide de la campagne 2024 nécessite un traitement plus poussé des données obtenues.

